1. |
Minou gentil
03:26
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Minou gentil
Au pied du mur comme des criminels,
La journaliste canarde de questions toutes belles.
C’est un peu cliché, mais les réponses sont pires :
Dites-moi, chers artistes, qu’est-ce qui vous inspire!
« Moi, c’est l’amour! », dit la première.
« Ça donne des ailes et pis, mon chum est fin.
J’aime aussi le chant de la brise printanière!
Ça m’a d’jà inspiré un bon refrain, écoutez : »
Beurk!
Ensuite, un scribe déclare fort et faux
Connaître un visage qui vaut mille poèmes.
C’est celui de sa fille! T’ins v’l’a une photo.
Elle a l’air gentille et pis tout le monde l’aime.
Mais, derrière le rideau,
La culture pop
Est un culte de haine.
À micro fermé,
Leurs fidèles ont des cornes
Et des égos énormes.
Les créateurs de cette médiocrité ambiante
Ont détruit ma réputation Facebook
Auprès des matantes…
Avec des avatars tout gris
De petits minous
Gentils, gentils, gentils.
V’là Janis Joplin numéro 100 003
Qui arrive en retard, mais, pourtant, sourit.
« Oui, alors, moi, ce qui m’inspire, c’est l’envie de,
De… de vouloir aller, de, vous comprenez? »
Puis, voyons ce que pense le jeune pianiste
Parolier du mal d’amour :
« C’est dans l’art moderne que je retrouve la piste
Des mots sournois qui font renaître le jour. »
Mais, derrière le rideau,
La culture pop
Est un culte de haine.
À micro fermé,
Leurs fidèles ont des cornes
Et des égos énormes.
Les créateurs de cette médiocrité ambiante
Ont détruit ma réputation Facebook
Auprès des matantes…
Entr’ deux photos avec un sans-abri,
Pis celle d’un minou
Gentil, gentil, gentil.
Ça me donne le goût d’avoir l’air agressif
Pour éloigner les médias complices
De l’amour faux et puéril
Des artistes de l’amour mercantile.
Et v’là qu’on s’avance vers moi,
Qu’on me répète la question
Pour être sûr que je réponde
Quèque chose de bon :
« Vous êtes chanceux vous avez eu le temps de réfléchir
Allez, dites-nous ce qui vous inspire… »
Moi, ma chère dame,
N’en déplaise aux gens de votre chaîne,
C’est la haine!
Mais, derrière le rideau,
La culture pop
Est un culte de haine.
À micro fermé,
Leurs fidèles ont des cornes
Et des égos énormes.
Les créateurs de cette médiocrité ambiante
Ont détruit ma réputation Facebook
Auprès des matantes…
Avec des avatars tout gris
De petits minous
Gentils, gentils.
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2. |
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Personne ne mérite d’être adulé
L’idolâtrie est donc une nécessité vitale dans la caverne. Même chez les meilleurs, il est inévitable qu’elle limite étroitement l’intelligence et la bonté.
Simone Weil, La pesanteur et la grâce.
Ta candeur
Te fait croire que t’es pas un idiot.
Ta connerie, elle,
Couronne ton égo.
Faque, tu te payes des cossins.
Tu crois que tu les vaux bien,
Mais c’est faux –
Tu vaux rien!
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne icitte!
Surtout pas toé!
Ni sportif, ni acteur,
Journaliste ou chanteur,
Ni vedette pathétique,
Ni ministre, sénateur,
Ou lieutenant-gouverneur,
Ni belle-mère politique.
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne icitte!
Ta grandeur, c’est une miniature
T’es rien qu’un produit de la conjoncture!
Oh!
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne ne mérite d’être adulé!
Personne icitte!
Surtout pas toé!
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3. |
La pêche miraculeuse
02:48
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La pêche miraculeuse
Passe ledit Canada y a force brochetz.
Jacques Cartier, Relation originale de Jacques Cartier.
C’était une belle baie du Nord
À l’abri des vagues et des vents forts,
On s’est ancré en son centre
Pour se r’poser, s’remplir le ventre.
On a laissé une ligne à l’eau,
Elle trainait su’l bord du bateau.
Y’avait à peine deux pieds de creux;
On a sorti un brochet niaiseux…
Nous l’avons baptisé : Éric Duhaime!
Il était mince et effilé,
Tout en mâchoire et estropié,
La queue coupée en long d’travers,
Le limon puant l’égout d’l’enfer.
J’ai dit : envoye passe-moi-le donc!
D’un coup sec, j’y ai enligné le front
Sur le rebord de la chaloupe –
Ç’a fait un beau « touc ! »
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de pisser, pas le temps de buveuse.
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de parler, pas le temps de siesteuse.
Faut toujours être aux aguets
Dans un monde rempli de brochets.
Voyant que ça mordait comme ça,
On s’est remis à pêcher dra là
Sans surprise, ni chance non plus,
On a clanché un brochet pansu.
J’ai eu un combat sans stress
Avec mon 300 livres de tresse.
Quand je l’ai hissé à bord,
Le torrieux s’est vidé l’corps.
Je me suis rincé en criant : maudit Martineau!
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de pisser, pas le temps de buveuse.
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de parler, pas le temps de siesteuse.
Faut toujours être aux aguets
Dans un monde rempli de brochets.
Et ça mordait sans arrêt.
Sans arrêt.
Checke, j’ai André Pratte!
Moi, j’ai Alain Dubuc.
V’la le brochet Dumont!
Ah! Le maudit Maurais!
Sophie perchaude Durocher.
Josée brochette Morissette!
Stéphane suceux Gendron.
Réjean brochet Breton!
Moi, j’ai le plus magané :
C’est le maire de Saguenay!
Es-tu fou? r’garde, j’ai Gilles Proulx!
Mathieu Bock-Côté!
Sylvain Bouchard!
Jean-Charles Lajoie!
Et cætera, et cætera,
Et cætera, et cætera!
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de pisser, pas le temps de buveuse.
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de parler, pas le temps de siesteuse.
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de pisser, pas le temps de buveuse.
C’était la pêche
Miraculeuse.
Pas le temps de parler, pas le temps de siesteuse.
Faut toujours être aux aguets
Dans un monde rempli de brochets.
On voyait pus le fond de la chaloupe,
Couvert de poissons de proue en poupe.
On sortait tellement de sales brochets
Que l’niveau du lac baissait.
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4. |
Novlangue – Depuis 1848
03:09
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Novlangue, depuis 1848
Quand ils parlent, ils ne trouvent plus leurs mots, même pour désigner les choses les plus simples. Ils vont jusqu’à oublier le nom de leurs meilleurs amis, ils doivent renoncer à toute lecture, la mémoire leur faisant défaut entre le début et la fin d’une phrase.
Jonathan Swift, Voyages de Gulliver.
Entre 1848 et 1849, les libéraux modérés d’Europe occidentale firent ainsi deux découvertes importantes : ils apprirent d’une part que la révolution était dangereuse, et, d’autre part, qu’ils pouvaient obtenir sans elle satisfaction à bon nombre de leurs revendications. Dès lors, la bourgeoisie cessa d’être une force révolutionnaire.
Éric J. Hobsbawm, L’ère du capital.
Tout est clair,
Les citoyens sont rassurés,
Les réverbères
Inondent le ciel étoilé.
Tout est clair,
La ville pourtant s’est endormie
Sans faire de drame
La révolte adoucie,
Épluchée,
Éborgnée,
Étêtée,
Essoufflée,
Reportée à la semaine des quatre jeudis.
Elle s’enfuit
Dans l’infini des mots immenses.
Elle s’évanouit
Dans un glissement de sens.
Pour maitriser l’indiscipline
Une nouvelle langue s’impose :
C’est la novlangue, elle est maline
Et ta vie a l’air ben rose.
Conforté
Par le vent des civilités,
Une brise polie
Du suroît parfumé.
Comme un fleuve,
Ces paroles rassasient ton âme.
Leur force lunaire
A maquillé l’infâme.
Pour maitriser l’indiscipline
Une nouvelle langue s’impose :
C’est la novlangue elle est maline
Et ta vie a l’air ben rose.
« L’excellence renforce les facteurs institutionnels de la performance.
L’intervention mobilise les processus organisationnels du dispositif.
L’objectif révèle les paramètres qualitatifs de l’entreprise.
Le diagnostic stimule les changements analytiques du groupe.
L’expérimentation modifie les concepts caractéristiques du projet.
La formation clarifie les savoir-faire motivationnels des bénéficiaires.
La méthode dynamise les blocages participatifs de la démarche1. »
Pour maitriser l’indiscipline
Une nouvelle langue s’impose.
C’est la novlangue, elle est maline
Et ta vie a l’air ben rose.
1. Didier Noyé, Réunionite : guide de survie.
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5. |
M'étendre sur une glace
02:26
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M’étendre sur une glace
La tête pleine du bruit des viols de ma forêt
je cache mes armes
sous des épines de jurons
pendant que des facteurs économiques
livrent leurs peines
dans des réserves en conserve
loin de villes étonnantes
pleines d’étoiles à robes longues
imprégnées dans les trottoirs.
Jean Sioui, Je suis Île.
Je suis complètement vidé.
Demande-moi pas comment c’t’arrivé.
J’me sacre de toute de plus en plus;
J’étais solide, mais là, ça me tente pus.
J’sais pas trop pourquoi j’ai changé.
Là, j’pus capable de pas casser.
Ça ’dû se faire ben tranquillement :
Je suis comme une glace que ronge le printemps.
La marée haute
Va finir par descendre.
Au gros soleil,
C’est là que les glaces vont fendre.
Tranquille, je vais prendre place –
Je vais m’étendre sur une glace.
Ben couché, seul sur ma glace,
Su’l’ventre pour voir le fond en face,
Je serai heureux sur l’eau qui gronde
De ne plus avoir à m’fondre dans le monde.
J’pense que là, c’est plus qu’un cycle.
J’en ai plein l’dos, je ferme boutique.
C’est la fin de ma saison de déprime :
Je pars toucher au sublime.
La marée haute
Va finir par descendre.
Au gros soleil,
C’est là que les glaces vont fendre.
Tranquille, je vais prendre place –
Je vais m’étendre sur une glace.
Je ne serai même pas obscène,
Si j’croise un cargo Steamship lines
Qui fait une discrète vidange d’huile
Vers Anticosti ou vers Sept-Îles.
Mes liens humains seront tous rompus.
Seul dans le large à perte de vue,
Mon esquif sera réduit
Et je disparaîtrai avec lui.
La marée haute
Va finir par descendre.
Au gros soleil,
C’est là que les glaces vont fendre.
Tranquille, je vais prendre place –
Je vais m’étendre sur une glace.
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6. |
Le port sale
02:19
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Le port sale
Ce n’est pas un hasard si les médecins de la ville Québec se sont installés sur les côtes de Sillery, Sainte-Foy et Cap-Rouge ; peut-être voulaient-ils respirer le bon air des grands vents d’ouest avant qu’ils ne soient pollués par la ville.
Matthew Hatvany, La genèse de Cap-Rouge et son potentiel pédagogique, conférence.
Parce que le port est un sale
Qui r’lève du fédéral,
C’est surement pas d’sa faute
S’il pleut du métal.
Il nous explique des évidences,
En appelle au bon sens
Pour convaincre les citoyens
Que le port fait le bien.
Quand tu craches en l’air de Vancouver,
Ça retombe à Limoilou;
T’as des pellicules à Trois-Rivières,
Y neige à Limoilou;
Quand un gars flushe à Longueuil,
Ça flotte à Limoilou;
Quand ton usine fouère à Saint-Aug,
Ça pue à Limoilou.
Le port est une victime ;
La nature est pas fine.
Elle transporte sans aucune gêne
Les maux cancérigènes.
C’est aussi la brise
Sur son site web d’entreprise
Qui a révélé
Son avenir pétrolier…
Quand tu craches en l’air de Vancouver,
Ça retombe à Limoilou;
T’as des pellicules à Trois-Rivières,
Il neige à Limoilou;
Quand un gars flushe à Longueuil,
Ça flotte à Limoilou;
Quand ton usine fouère à Saint-Aug,
Ça pue à Limoilou.
Tous les barbus de Limoilou
Ne le sont pas pour être dans le coup :
Plusieurs d’entre eux le sont
Par opposition.
Même si on est barbu
Dans cette cité perdue,
Impossible de filtrer
C’que le port laisse s’envoler.
Quand tu craches en l’air de Vancouver,
Ça retombe à Limoilou;
T’as des pellicules à Trois-Rivières,
Il neige à Limoilou;
Quand un gars flushe à Longueuil,
Ça flotte à Limoilou;
Quand ton usine fouère à Saint-Aug,
Ça pue à Limoilou.
Quand tu pisses dans l’vent de Boisbriand,
Ça retombe à Limoilou;
Quand tu clanches dans l’fond d’un rang,
T’empoussières Limoilou;
C’est ça le point de vue du port
Dans le Vieux-Limoilou;
Le port est sale et salit tout
Et le port s’en fout,
S’en fout!
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7. |
Parvenus
02:49
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Parvenus
Ce texte m’a été en partie inspiré par Sam Hamad et Pierre Paul-Hus que j’ai croisés à l’église en février et qui étaient tous deux bien bronzés.
Tout le monde a une Rolex! Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie!
Jacques Séguéla, Les 4 vérités, Télématin, France 2.
Le Publisac vient d’arriver,
Porté par un Noir aux pieds gelés.
On est passé par la même place –
C’est d’même que j’ai payé mon fusil de chasse.
Dans l’sac du p’tit journal local,
Propagande néolibérale
Éditée par Pierre Paul-Hus,
Parfumée pour que ça pue plus.
La couverture glacée me fige
Sur la maudite revue Prestige.
Des riches et des bronzés
Qui écrivent des articles
Sur d’autres riches et d’autres bronzés –
C’est pathétique!
Vos histoires de succès,
Vous savez où j’me les mets :
Je les roule, pis je me penche,
Pis je les sacre dans’ vidanges.
Que oui! que je plains le pauvre rat,
Au dépotoir du charabia,
Qui lira votre science-fiction
Su’l’bonheur dans ’consommation…
Avec le nez dans vos ordures,
Partout le doute dans la verdure,
Et vos articles qui touchent pas terre
Sur les plaisirs d’l’hélicoptère.
Le discours des nantis me fige
Dans la maudite revue Prestige.
Des riches et des bronzés
Qui écrivent des articles
Sur d’autres riches et d’autres bronzés –
C’est pathétique!
Vos histoires de succès,
Vous savez où j’me les mets :
Je les roule, pis je me penche,
Pis je les sacre dans’ vidanges.
Lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo.
Lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo.
Lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo.
Lo, lo, lo, lo.
Bravo ça y est –
T’es parvenu! (X 5)
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8. |
Hippocratie
03:52
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Hippocratie
Rieux et ses amis découvrirent alors à quel point ils étaient fatigués.
Albert Camus, La peste.
Les meilleurs élèves
Des meilleures écoles,
Après de longues études
Et des heures de labos,
Sont si concentrés
Qu’ils ne ressentent pas
La puce sous-cutanée
Qu’on leur plante dans l’dos.
Cet objet canalise la fierté
Et l’sentiment d’accomplissement
Qu’on refuse aux philosophes
Et autres vide-poissons qu’on méprise tant.
Ainsi tous pensent qu’ils le méritent,
Leur adulation, leur statut d’élite.
Certains croient même qu’il faut un don
Pour réussir dans cette profession.
Le peuple en redemande :
Il paye le prix privé de sa chambre
Sans même s’en surprendre
Le doc débarque le feu au cul,
Convaincu d’être pondu de Jésus.
Le peuple mérite qu’on le traite ainsi :
C’est comme ça en hippocratie!
Ces esclaves d’un rêve
D’une réussite totale
Se sont presque affranchis
Du supplice de Tantale.
Pourtant, surprise! on meurt encore…
On vieillit, on casse et on pue des pores.
Plus de services, on est pris de panique!
On enrichit les pharmaceutiques.
Le peuple en redemande :
Il paye le prix privé de sa chambre
Sans même s’en surprendre
Le doc débarque le feu au cul,
Convaincu d’être pondu de Jésus.
Le peuple mérite qu’on le traite ainsi :
C’est comme ça en hippocratie!
Avec leur monopole sur les pratiques,
Avec leurs conférenciers de Big Pharma,
Avec leur lourd poids politique
Et la société qui les porte à bout de bras,
Avec leurs privilèges corporatifs
Et leur égo parfaitement formaté,
Avec leur lourd poids politique
Et leur égo parfaitement formaté
Y’en a encore pour être surpris
Quand y’a un cardiologue qui tire la plogue.
Le peuple en redemande;
Il paye le prix privé de sa chambre
Sans même s’en surprendre
Le doc débarque le feu au cul,
Convaincu d’être pondu de Jésus.
Le peuple mérite qu’on le traite ainsi :
C’est comme ça en hippocratie.
C’est comme ça en hippocratie!
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9. |
Moïse, la bonne nouvelle
02:21
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Moïse, la bonne nouvelle
[...] il n’aura fait, en mourant, qu’officialiser une situation qui perdurait depuis longtemps. [...] Salut pourriture!
Pierre Falardeau, L’enterrement du Bonhomme Carnaval.
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de caillou
Charles Baudelaire, Une charogne.
Samedi matin de bonne heure,
Le téléphone s’excite ;
C’est peut-être un malheur.
Soucieux, j’me précipite.
Mais c’est ma tante tannante,
Matante la plus mémère,
Qui m’annonce pimpante
Une nouvelle mortuaire :
« Moïse est mort! »
Oh! La vie est belle!
Cette mort est une fête.
Le printemps venu Moïse
Au cimetière,
Avec le cul dans la brise
Et la face contre terre,
Décongèlera lentement
Et ses sucs gastriques
Commenceront précisément
À putréfier le câlique.
Des champignons d’espoir
Pousseront sur son corps
Et un village de Schtroumpfs noirs
S’installera sur le mort.
Ils chanteront des airs festifs,
Et joueront au washeur
Sous un soleil vif,
Dans une parfaite puanteur.
Oh! La vie est belle!
Cette mort est une fête.
Le souvenir s’efface
Comme un corps en pourriture :
Avec le temps, avec la nature.
Attiré par le parfum,
Une chienne sans laisse
Lèchera le défunt,
Lui mordra les fesses.
Elle déchirera des morceaux
De matière grise
Et sera grisés par l’égo
Du gourou qui gise. [sic]
Pendant ce temps dans son intestin
Encore plein d’graisse,
Festoiera un coulis coquin
De larves épaisses.
Ce sera tout un party
Tous les invités d’la noce
S’amuseront encore plus
Quand il n’y aura plus d’os.
Oh! La vie est belle!
Cette mort est une fête.
Oh! La vie est belle!
Cette mort est une fête…
S’en réjouir est normal…
Normal!
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10. |
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Regardez-les, ils donnent
La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.
Pierre Corneille, Le menteur.
Tous récusent l’image de la dame patronnesse qui achète son salut en faisant la charité, se penchant sur les pauvres, aisée et oisive, tuant le temps entre deux visites mondaines.
Jacques T. Godbout, L’esprit du don.
Y’a des signes de fin du monde
Plus fiables que des oiseaux qui tombent :
Des milliardaires donnent leur fortune
Courons aux abris, y reste pas trois lunes!
Ils donnent de temps en temps comme ça,
Mais leur image s’améliore pas.
On les traite bien malgré eux
De poissons cartilagineux,
De vautours et de loups pour l’homme,
Mais aux nouvelles, attention, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, maintenant, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Donnent! (X 2)
Sentant v’nir la fin de leur vie
Les nantis s’offrent le paradis ;
Et cette bande d’archi-riches
Se voit à droite de Jésus Christ.
Mais, pour racheter leur conscience,
Il faut plus qu’une poignée de change.
Y’ont ben des croûtes à manger :
Dieu restera seul sur sa nuée
Il pourra enfin lire Darwin
Et publier son livre de cuisine.
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, maintenant, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Donnent! (X 2)
Regardez-les, maintenant! (4 X)
Regardez-les!
Lorsqu’on donne, on ne prend pas de photo…
Regardez-les!
On sert pas la main en faisant le beau…
Regardez-les!
On avise pas l’peup’ dans’ journaux…
On court pas non plus après ‘es crédits d’impôt.
Regardez-les! Regardez-les! Regardez-les!
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Regardez-les, maintenant, ils donnent!
Regardez-les, ils donnent!
Donnent! (X 3)
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11. |
Il faut bâtir des condos
03:11
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Il faut bâtir des condos
On eût dit une cité cyclopéenne d’une architecture inconnue de l’homme et de l’imagination humaine, aux gigantesques accumulations de maçonnerie noire comme la nuit, selon de monstrueuses perversions des lois géométriques et jusqu’aux outrances les plus grotesques d’une sinistre bizarrerie.
Phillips Lovecraft, Les montagnes hallucinées.
Et la ville laisse faire, parce que l’embourgeoisement (aussi appelé « gentrification », un terme calqué de l’anglais) rapporte une fortune en impôts fonciers.
Marco Fortier, Bienvenue à Condoville.
Il faut bâtir des condos
Parce que ça paye, les condos.
Qu’on détruise les églises, qu’on divise les entrepôts;
Il faut bâtir des condos.
Il faut des copropriétés,
Il reste des arbres qu’y faut couper.
On bûche en masse et on dynamite la place;
On défigure les surfaces.
On a bâti des condos (plein de condos),
Mais le monde hait les condos (trop de condos).
Ils sont inhabités, les projets sont critiqués;
Le marché est saturé.
Mais on sait faire que des condos (des condos).
Alors on fait d’autres condos (que des condos).
Un complexe d’habitation avec épicerie au fond;
Nous autres on fait des condos.
Et ils sont hauts condos (hauts condos).
Y sont luxueux nos condos (gros condos).
Ils ont vue su’ l’fleuve, mais vous bloquent la vue su’l fleuve;
Ils ont de l’égo nos condos.
Il faut bâtir des condos X 24
Gna – gna – gna – gna – gna – gna – gna!
Gna – gna – gna – gna – gna!
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